La situation d’énonciation

 

 

La situation d’énonciation

 

Analyser la situation d’énonciation, c’est se demander qui est l’énonciateur (qui produit l’énoncé), qui est le destinataire, où et dans quelles circonstances l’énoncé a été produit.

 

 

L’énoncé ancré dans la situation d’énonciation

 

Quand l’énonciateur et le destinataire sont en présence l’un de l’autre (ex. : dans un dialogue), on dit que l’énoncé est ancré dans la situation d’énonciation. L’énonciation se caractérise par des indices d’énonciation :

 

. des pronoms personnels de la première personne et de la deuxième personne (je, tu, nous, vous), ainsi que les déterminants possessifs s’y référant (mon, ton, …).

Ces indices ne se comprennent que si l’on connaît précisément la situation d’énonciation.

 

. le système de temps : le présent est le temps de référence, il est utilisé pour exprimer des faits qui se déroulent au moment où l’énoncé est produit (moment de l’énonciation). Les autres temps de ce système sont :

          . le passé composé, pour rapporter des faits passés (premier plan) ;

          . l’imparfait, pour ce qui constitue l’arrière-plan (descriptions, répétitions, habitudes) ;

          . le futur, pour les faits à venir.

Attention ! Le passé simple est exclu de ce système.

 

 

L’énoncé coupé de la situation d’énonciation

 

Dans un récit au passé, l’énoncé ne renvoie pas à la situation d’énonciation du narrateur. On dit alors que l’énoncé est coupé (ou en dehors) de la situation d’énonciation.

 

Le type d’énoncé ne comporte pas d’indices d’énonciation :

 

          . pas de pronom personnel de la deuxième personne,

 

Le passé simple est le temps de référence. Il exprime des actions passées qui sont mises au premier plan. Les autres temps de ce système sont :

 

          . le plus-que-parfait, pour exprimer une action antérieure dans le passé ;

          . l’imparfait, pour exprimer l’arrière-plan (descriptions, habitudes, répétitions) ;

          . le conditionnel présent, pour exprimer des actions futures dans le passé.

 

 

Texte support

 

Il fait bon d’écouter les fabliaux, Messires. Si le conte est joliment fait, on oublie tout ce qui est désagréable, même les douleurs du corps, même les souffrances du cœur, même les injustices des méchants. Voilà pourquoi je suis fier de mon métier, moi, Courtebarbe. Ouvrez grandes vos oreilles, si vous voulez vous divertir.

 

Il y avait une fois trois aveugles, sur la grand-route qui va de Compiègne vers Senlis. Ils marchaient tout seuls, les pauvres, car ils l’étaient rudement, pauvres ! Ils n’avaient pas de quoi se payer quelqu’un pour les conduire, même un chien. Ils ne possédaient chacun que leur sébile pour mendier.

 

Un clerc, assez riche, qui s’en venait de Paris monté sur un fort beau cheval, accompagné d’un écuyer lui-même à cheval, les rencontra. C’était un homme malin, habile à bien faire qui il le voulait, mais habile aussi à tromper et à duper quand il lui en prenait l’envie. Il se défiait donc assez des gens, en général. Lorsqu’il aperçut les trois aveugles tout seuls sur la route, sans personne pour les guider, cela lui parut louche. Il se demanda s’ils étaient vraiment aveugles : « Je vais bien voir, se dit-il. Je vois, moi. Je vais leur jouer un de ces tours ! ».

 

Les trois aveugles de Compiègne » de Courtebarbe