Quatorze juillet

Version 4

Bientôt vingt heures trente. Joseph va enfin pouvoir s'installer devant sa télévision, et regarder le match de football : la fameuse rencontre du PSG contre l'OM ! Il a même parié la victoire du PSG contre son ami Benoît. Alors que Joseph prépare son plateau télé, des cris s'élèvent au bas de l'immeuble. Encore ces foutus gosses ! On a beau dire, mais la cité n'est plus ce qu'elle était. Tous les soirs, c'est la même chose : du tapage, du tapage, toujours du tapage ! Joseph sait bien qu'il commence à se faire vieux. Il choisit alors, malgré la chaleur du soir, de fermer ses fenêtres et d'augmenter le volume de son téléviseur. Mais ce sont à présent des bruits de pétards qui couvrent les commentaires du match. Ce n'est plus possible.

Le vieil homme ouvre sa fenêtre :

" Saletés de gamins ! Allez jouer ailleurs ! Ras le bol de vos pétards ! "

Mais nul ne l'écoute. Bon sang ! Cela ne finira donc jamais. Excédé, Joseph sort son vieux fusil, celui que lui avait offert Juliette, lorsqu'ils vivaient tous deux à la campagne, et qu'il allait chasser avec son meilleur ami. Il est bien loin ce bon vieux temps. Juliette n'est plus là, et il doit subir ces cris, ces pétarades !
Joseph pointe son fusil à la fenêtre. Peut-être que ces enfants vont enfin l'écouter !

" But ! But ! " Le commentateur sportif ne cache pas sa joie. Joseph se retourne brusquement vers son poste de télévision, espérant revoir la diffusion au ralenti du fameux but. Maladroit, il se cogne ; un coup part, noyé dans les explosions des pétards.

Le silence vient après, puis des cris :

"Sofiane !"

Joseph comprend alors la raison de l'attroupement au bas de son immeuble, les cris, les pleurs… Il s'effondre. Il a tué.

Semra

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